PÉTROLÉ

Portrait Sans titre, photographie argentique, tirage numérique papier brillant 108 x 72 cm
La fureur de vivre, 55”, 2015
24×36, contact de la photographie d’un coquillage et son texte, A4
Détail agrandi, 9 tirages numérique papier mat 40 x 50 cm

Manipulation d’une matière noire; Il s’agit d’abord d’un agrandissement photographique cherchant à confondre le sujet photographié et la matière photographique (le grain), afin d’obtenir une nouvelle image. J’étais en quête d’une image aveugle, une image dense, noire, fermée. Mais au résultat, il m’intéressait de voir une image nuancée de gris, une projection mentale possible, une narration.

En photographie la lumière produit le noir. Le noir n’existe pas dans la projection d’un film. Quand il n’y a pas d’images le projecteur laisse un écran blanc.

Manipulation d’un espace de projection mentale ; En élaborant conjointement un récit fictif et un autre réflectif, je questionne l’image comme un objet potentiel narratif. Le récit donne à lire une image mentale.

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©manon alberger 2014

Les journées creuses d’été possédaient pour seule activité les allées et venues de la terrasse brûlante à l’évier de la cuisine pour satisfaire la soif.
Comment remplir le vide ? Comment décrire le noir ?
Ce passage de la terrasse sous le soleil, pupilles fermées, paupières mi-closes, à l’intérieur de la cuisine, me rendait aveugle, enveloppée dans l’obscurité soudaine des persiennes tirées.

L’agrandissement par étapes m’offrait des images séduisantes, de matière dense à composition géologique et aléatoire comme le dépôt hasardeux du pétrole se logeant au creux de la coque d’un mollusque. Matière morte. Matière noire.
Matière indélogeable. Comme la pupille dans laquelle se reflète l’image du monde et par laquelle l’image du monde perce pour se projeter mentalement.
La transposition photographique de la matière physique proposait un ailleurs, une lecture attirant non plus l’attention sur l’objet photographié mais sur la matérialité de l’image, ce qui la constitue; le grain photographique dessiné par la lumière où la partie brûlée de la matière sensible crée le noir.

Absence de reconnaissance. L’œil obtient une perte du contenu de l’image en s’approchant du détail. L’œil obtient un gain puisque le papier photo gagne une image, révèle du noir.
Pétrolé

/Proposition d’image écran, d’un écran noir laissant des images se projeter.
L’image aveugle est un espace noir sans possible narration, elle n’évoque rien d’extérieur que sa matérialité même. L’image est alors un objet fermé.

La fureur de vivre / On ne veut vivre les choses qu’intensément, à vouloir voir nos vies comme dans les films. On se précipite, on se passionne, on se raconte des histoires. On se scénarise, les autres font parti de notre mise en scène. Personnage principal, on existe par les autres.

J’entends encore hurler Laura, impatiente, déchaînée dans sa torpeur quotidienne, j’entends ses cris d’ennui, sa lassitude. Elle veut être surprise. Elle veut que sa vie change, que ça bouge. Elle veut aller danser.